LE JOUR DES KALENDES DU MOIS DE JANVIER, jour de l'an

Le 1er Janvier   dans la  Rome antique, jour des Kalendes correspond  au premier jour de l’année  . Cette période correspond au solstice d’hiver : c’est non seulement le passage à la nouvelle année mais aussi  de l’obscurité à la lumière qui renaît.

 Le premier janvier est marqué par l'ouverture des temples, par l'échange de voeux et de paroles de paix, par des sacrifices et des offrandes , par une procession en vêtements blancs emmenant les nouveaux magistrats vers le Capitole. C'est un jour heureux  et festif  à la gloire de la toute puissance romaine.

Ce jour et tout le mois  sont consacrés à Janus, le dieu bicéphale  «  bifrons », associé parfois au Chaos primitif. «  January en anglais, Januar en allemand »

Nos pratiques modernes du jour de l’an sont dans le droit fil de ce que faisaient  les Romains et de leurs conceptions .

Janus

D'une manière très générale, Janus est pour les Romains le dieu de tout acte qui commence, le dieu des commencements (initia), en particulier lorsque ce commencement est "passage" d'un état à un autre,  à tout ce qui est double ( vie-mort ; est-ouest ; passé-futur)

Dieu des portes, du seuil . Janus préside à la fermeture et à l'ouverture de tout ce qui existe dans l'univers, jouant ainsi un rôle dans la paix et la guerre, et assurant avec les Heures la surveillance des portes du ciel.

 Cette fonction explique son nom 'Janus', à rapprocher de ianua (porte) et de ianitor (portier) ; ainsi que ses épiclèses Patulcius (= celui qui ouvre) et Clusius (= celui qui ferme).

Ses deux faces lui permettent de surveiller l'ensemble de l'univers sans devoir bouger la tête.  On le représente sous les traits d’ un vieil homme, barbu –signe de sagesse-  couronné de laurier.

Il   bifrons (deux visages)  parce qu’il marque ce qui a été, est et sera  : "tout passage suppose deux lieux, deux états, celui qu'on quitte, celui où l'on pénètre" (G. Dumézil) 

Les Romains le considèrent  comme le dieu tutélaire de la Ville ; parfois, on l’associe à Romulus divinisé après sa mort.

.  

Pourquoi s’offre-t-on des étrennes ?? Pourquoi échange-t-on des vœux ??

Ce jour- là , dans la Rome antique, on sacrifie  des animaux  , «  des bœufs blancs comme neige et qui n’ont jamais travaillé sous le joug ».

 On s’ offre des fruits , des  dattes  notamment,  et du miel pour mettre l’année sous le signe de la douceur. Ces offrandes seront remplacés par une petite pièce de monnaie en bronze, car la «  douceur des temps modernes »  , c’est le profit. Ce sont nos étrennes d’aujourd’hui.

 On ouvre  les portes des temples qui normalement sont fermés tout  le reste de l’année et on échange   des  vœux. Janus ,  ce jour-là,  sort de son temple et  avec bienveillance, entend toutes les prières,

Ovide, les Fastes,  1, 175 et sq

 

"Mais pourquoi prononçons-nous des paroles joyeuses à tes Calendes,

et pourquoi faisons-nous cet échange de voeux ?"

Alors le dieu, appuyé sur le bâton qu'il tenait de la main droite, dit :

"D'habitude, les commencements comportent des présages.

À la première parole, vous tendez une oreille craintive

et c'est le premier oiseau entrevu que consulte l'augure.

Les temples des dieux sont ouverts, de même que leurs oreilles ;

nulle langue ne formule en vain des prières ; les paroles ont leur poids".

 

 On  travaille , au moins symboliquement, en signe de prospérité économique , et comme c'est  un jour faste, les tribunaux  sont  en activité. Vêtus de vêtements blancs «  sans taches » - symboles de pureté et de joie-  les Romains accompagnent en procession les nouveaux consuls de leur domicile au temple de Jupiter Capitolin.

 

Nous  ne  sommes pas très éloignés, dans nos pratiques d’  aujourd’hui de ce que faisaient les Romains, mais nous  avons perdu toute le force du symbole .

La représentation de ces dieux , à l’image du portier céleste , penchés à écouter ce jour-là   les prières des mortels,  est empreinte de douceur et poésie.

Mais p our eux comme pour nous,  ce que nous voulons ce jour –là, c’est offrir à tout un chacun, l’espoir que l’année à venir sera douce et prospère .

 

il y a presque 80 ans  , on découvrait la Grotte de Lascaux

IL Y A  70 ANS , découverte de la grotte de LASCAUX

 

Le 8 septembre 1940, Marcel Ravidat  se promène  sur la commune de Montignac en Dordogne.  Son chien Robot explore un trou situé à l’endroit où un arbre avait été déraciné ..

 

Au fond de cette cavité s'ouvre un orifice d'une vingtaine de centimètres, qui ne manque pas d'intriguer le jeune homme. .

Quatre jours plus tard, le 12 septembre, il revient sur les lieux avec du matériel  pour  désobstruer  le trou  mis au jour par son chien et pour s'éclairer . Il pénètre ainsi une première fois dans la grotte et y découvre des  peintures.

Les parois de la grotte en sont couvertes : elles sont datées d' environ 18 000 et 17 000 ans ( cette datation est controversée).   La grotte est surnommée " la Chapelle Sixtine de l'art pariétal"

 

Dès 1948,  elle  est ouverte au public . Les visiteurs se précipitent nombreux . Malgré plusieurs aménagements , les pollutions  atmosphériques qui résultent de cette fréquentation  font que les parois  commencent à se recouvrir de champignons.  Comment préserver cette merveille patrimoniale?

 La décision est  prise en 1983 de réaliser une copie conforme de la grotte,  en résine, Lascaux II. La grotte  originale  est fermée aux visites

Au coin d'une page

J'ai rencontré hier, au hasard d'une lecture, cette petite phrase de José Luis BORGES: " le destin d'un homme se résume le plus souvent à un seul moment: le moment où il apprend pour toujours qui il est".

 

Le bon vieux temps...

O TEMPORA, O MORES !!!

 

« Notre jeunesse aime le luxe, elle est mal élevée, elle se moque de l'autorité et n'a aucune espèce de respect pour les anciens. Les jeunes sont des tyrans Ils ne se lèvent pas quand un vieillard entre dans une pièce, ils répondent à leurs parents et ils sont tout simplement mauvais. » (Socrate - 470-399 avant J.C.)


« Je n'ai plus aucun espoir pour l'avenir de notre pays si la jeunesse d'aujourd'hui prend le commandement demain parce que cette jeunesse est insupportable, sans retenue, tout simplement terrible. » (Hésiode - 720 avant J.C.)


« Notre monde a atteint un stade critique. Les enfants n'écoutent plus leurs parents. La fin du monde ne peut pas être très loin. » (un prêtre égyptien - 2 000 avant J.C.)


« Cette jeunesse est pourrie depuis le fond du coeur. Les jeunes gens sont malfaisants et paresseux. Ils ne seront jamais comme la jeunesse d'autrefois. Ceux d'aujourd'hui ne seront pas capables de maintenir notre culture » (inscription sur une poterie babylonienne - 3 000 avant J.C.)

Histoires de cloches

 

« Déménager à la cloche de bois » ;  expression désuète pour dire que le locataire  a quitté les lieux, en catimini , sans payer son terme, voire les précédents.

Au XIX ème, siècle,  on lui préférait «  déménager à la ficelle ». Imaginez qu’il fallait faire descendre  les biens à emporter par la fenêtre, jusque dans la rue, au bout d'une corde sans éveiller les soupçons de la concierge. L ’appartement vidé de son contenu , il suffisait alors de quitter les lieux, par la porte d’entrée, tout sourire et les mains vides.   L’expression s’est muée en «  déménager à la sonnette de bois », sans bruit, puisque le bois ne diffuse qu’un son très assourdi, puis en «  cloche de bois ».

ETRE DE LA CLOCHE , UN CLOCHARD

 

 

Il faut remonter au verbe «clocher » qui est issu du  latin populaire, « cloppus » c’est-à-dire    « boiteux , éclopé »
« Cloper «  puis « Clocher » signifie « boiter » et dans une sens figuré, « avoir un défaut » ou  « être de travers, d’où notre expression «  quelque chose qui cloche ».

 On qualifie de cloche une personne maladroite, stupide, médiocre voire ridicule.

Plus  proche de l’étymologie, souvenons –nous de  « Et je m'en vais,  clopin clopant »

Le clochard  est de fait ce marginal, qui ne marche  plus très droit, qui prend des chemins de traverses , boitillant à cause de ses méchantes chaussures,  ou boitant  pour inspirer  de la pitié  à qui  peut  lui  donner quelques pièces .

D'où vient le surnom" Poilu" donné aux soldats de la Grande Guerre?

Dans quelques jours aura lieu la commémoration de l'Armistice du 11 Novembre 1918, signé dans la forêt de Rethondes près de Compiègne, au terme d'une guerre effroyable, dite La Grande Guerre, la Der des Der... Nos soldats y sont affublés du surnom de Poilus, souvent avec une pointe d'affection pour ces hommes qui donnent leur vie, souvent sacrifiée d'ailleurs par un Etat-Major incompétent. Ils sont sales, hirsutes, chevelus peut-être, couvert de vermine sans doute. Le surnom est tout trouvé! Las!  Toute étymologie qui avance une explication en ce sens est certes pittoresque, mais fausse...

Dans le langage familier ou argotique , le mot désigne quelqu'un de courageux, de viril ( « un brave à trois poils », chez Molière).

Le  mot Poilu  est un terme plus ancien que la Grande Guerre :  il désignait dans les casernes, l’homme d’attaque qui n’a pas froid aux yeux,  voire l’individu, l’homme.

Depuis 1914, le terme « poilu » désigne pour le civil « le soldat combattant » qui défend notre sol, par opposition à « l’embusqué ».

 La tradition  prétend que le surnom fut donné pendant la Grande Guerre, du fait des conditions de vie difficiles des soldats dans les tranchées. Ils laissaient pousser, dit-on,  barbe et moustache, leurs cheveux sales n’étaient plus coupés .Quel non-sens! En effet, il est certain que dès l’apparition des gaz de combat, en 1915, à Ypres,  les soldats eurent tout intérêt à redevenir imberbes, afin que les masque adhèrent  à la peau  du visage pour protéger au mieux..

Le terme « Poilus »  n’était d’ailleurs jamais utilisé par les journaux de l’époque  tous soumis à la censure.

En France, le 11 novembre, les « Poilus »sont honorés  sous le surnom de  « Bleuets » (la couleur bleu horizon de l'uniforme des poilus).

En Grande-Bretagne et dans les pays du Commonwealth, la commémoration se nomme le « Poppy Day », , «  le jour du coquelicot »  , fleur qui poussait souvent  aux abords des tranchées.

Le dernier Poilu , Lazare Ponticelli est mort  le 12 mars 2008 à l'âge de 110 ans.

Issu d'une famille de travailleurs immigrés italiens,  il avait refusé dans un premier temps  - l'hommage de la Nation, puis accepté ensuite en mémoire de tous ses camarades « à qui il avait promis de ne jamais les oublier ».

Le 17 mars 2008, les obsèques eurent lieu  à Ivry-sur-Seine , en présence de Nicolas Sarkozy : l’hommage fut national car toutes les églises sonnèrent   en même temps le glas, pendant qu’on observait  une  minute de silence  dans toutes les mairies de France et devant les monuments aux  Morts .

Jacques Chirac avait proposé que le dernier des poilus français soit  inhumé au côté du « Soldat inconnu » dans la crypte sous l'Arc de triomphe de Paris, mais Monsieur Ponticelli avait  refusé , préférant le  caveau familial.